Lundi Librairie : Ce que je sais de Vera Candida - Véronique Ovaldé



Ce que je sais de Vera Candida - Véronique Ovaldé : Quelque part en Amérique du Sud, Vera Candida retourne chez elle sur l’île de Vatapuna après des années d’exil volontaire. Elle sait qu’elle va mourir. L’occasion de remonter le temps, de retracer le destin d’une lignée de femmes courageuses, déterminées, à la fois fortes et fragiles. L’histoire de Rose Bustamente, la grand-mère, fille de joie devenue pêcheuse de poissons volants, séduite par Jeronimo affairiste trouble, ogre claquemuré dans une sinistre demeure qui surplombe toute l’île. L’histoire de Violette la mère dépourvue d’instinct maternel, créature simplette aux mœurs lestes, au goût démesuré pour le ratafia. Celle aussi de Vera Candida, la petite-fille, élevée par sa grand-mère, qui fuit Vatapuna pour le continent à l’âge de quinze ans, enceinte. Là, elle donne à son tour naissance à une fillette sans père, Monica Rose, et se réfugie dans un folklorique foyer pour femmes. Elle rencontre alors Ixtaga, un journaliste redresseur de torts.

Fabuliste à contre-pied, Véronique Ovaldé emprunte à Gabriel Garcia Marquez une certaine imagerie sud-américaine à l’éclat factice volontaire, tropiques fantasmés, moites, entre luxuriance et putréfaction. L’auteur aborde sur le ton de la légèreté la complexité et l’âpreté du monde à travers une fable moderne procédant d’une forme de réalisme magique. La fantaisie y allège la brutalité, l'horreur même, et donne des allures de conte à la réalité crue. A travers ce récit animé d’un puissant souffle romanesque, l’auteur laisse libre-court à un imaginaire débridé enchaînant péripéties et rebondissements. L’inconstance du destin entraîne dans ses rets Rose, Violette, Vera Candida et Monica Rose, quatre générations de personnages excentriques, excessifs mais également très pragmatiques.

Roman brut et enchanteur, trivial et merveilleux, Ce que je sais de Vera Candida évoque avec force les difficultés de la condition féminine dans un univers machiste et dégradé où les hommes absents, violents, incestueux catalysent à eux seuls toute l’indignité humaine. Beau livre sur la filiation et l’affranchissement, rédigé d’une plume inventive et accessible, ce récit nerveux et efficace se dévore d’une traite.

Ce que je sais de Vera Candida - Véronique Ovaldé - Editions de L’Olivier - Collection de poche J’ai Lu