Cinéma : The Two Faces of January, le 18 juin en salles



En 1962, Colette et Chester MacFarland (Kirsten Dunst et Viggo Mortensen à qui je consacrais un portrait ici), d’élégants Américains qui voyagent en Grèce, croisent le chemin d’un jeune compatriote exilé. Rydal Keener (Oscar Isaac), établi à Athènes, guide touristique et escroc à la petite semelle vit d’arnaques un peu minables. Tout d’abord fasciné par Chester qui lui rappelle son père défunt, il est peu à peu attiré par Colette la jeune épouse, femme trophée d’un mari vieillissant. Mais l’apparition indésirable d’un détective privé sur la trace des MacFarland va faire basculer les relations de ce trio mal assorti. Lorsque survient un incident grave à l’hôtel où réside le couple, mis en danger, ils sont obligés de fuir en dissimulant leurs identités, aidés par Rydal dont les motivations troubles font peu à peu naître des tensions entre les deux hommes.







"The Two Faces of January" - "Les deux visages de Janus" - est l’adaptation d’un roman de Patricia Highsmith à qui l’on devait déjà "Le talentueux M. Ripley" et reboot mou de la version originale "Plein Soleil" de René Clément avec Alain Delon et Maurice Ronet. Hossein Amini, scénariste de "Drive" signe ici ses débuts en temps que réalisateur. D’Athènes à la Crète jusqu’au Grand Bazar d’Istanbul, ce thriller tendu à l’esthétique rétro presque nostalgique doit beaucoup à la beauté des paysages sublimés par la photographie de  Marcel Zyskind, nuances riches, aplats beige, crème, sable sous un soleil de plomb et un ciel azur. La trame classique très sixties du scénario rodé d’Américains aisés parcourant l’Europe dans des grands hôtels, je salue au passage le stylisme impeccable, et dont les rebondissements tournent autour de l’acquisition de faux passeports, la parution de nouvelles alarmantes dans des journaux ou encore l’intervention d’un privé menaçant, possède un certain charme suranné.

Le développement des relations entre les trois protagonistes tisse une intrigue où dépendances précaires, luttes psychologiques ne sont que les rouages de la mécanique du crime. Les masques tombent rapidement révélant une sorte de filiation de la veulerie entre les personnages masculins, le petit et le grand escroc en pleine chute. Ils nouent presque malgré eux des attachements émotionnels déplaisants à travers une intimité forcée par les circonstances et l’amoralité commune qui les rapproche. Chacun manipulant l’autre à travers les bribes d’information qu’ils détiennent, l’ambiguïté des accointances fluctue de motivations intéressées en allégeances paranoïaques.




Un beau film, parfois un peu lent, mais dont les performances d’acteurs, électrisées par la sobriété de la mise en scène, m’ont fasciné. On se laisse bercer par la splendeur de la Grèce et très vite entraîner dans les méandres de l’intrigue psychologique. Une histoire de trahison, de mensonges et de rédemption. N’hésitez pas !

The Two Faces of January  au cinéma le 18 juin
Ecrit et réalisé par Hossein Amini - Avec Viggo Mortensen, Oscar Isaac, Kirsten Dunst